Le Département de l'Industrie, dirigé par le Socialiste Santiago Aznar était chargé de gérer les compétences assumées par le Gouvernement provisoire du Pays basque en matière de Marine Civile. Il créa pour ce fait les Directions Générales de la Pêche et de la Marine Marchande et nomma comme responsables Santiago Chausson et Pantaleón León respectivement. La Direction Générale de la Marine Marchande organisa une nombreuse Flotte marchande avec pavillon basque et s'occupa de définir un service de liaison maritime régulier entre Bilbao et Bayonne pour transférer la correspondance, les passagers et parfois des provisions de guerre.
La Direction Générale de la Marine Marchande créa aussi le Corps provisoire de Police Maritime du Pays basque par le Décret du Département de l'Industrie du 3 novembre 1936. Elle n'avait par conséquent aucun lien ni relation directe avec la Marine de Guerre Auxiliaire. La création de la Police Maritime était due au besoin de surveiller le port et les quais de Bilbao et du fleuve, ainsi que des autres ports contrôlés par le Gouvernement d'Euzkadi qui jusqu'alors avaient été contrôlés par divers organismes et Commissions de Défense des villages. Elle s'occupa en outre de fiscaliser le débarquement de marchandises et de contrôler le mouvement des embarcations qui entraient et sortaient.
Le 9 novembre, le Journal Officiel du Pays basque publia le concours pour affecter les 95 places de policiers maritimes. Parmi les conditions d'accès au concours, figuraient celles d'être né à Euzkadi ou d'y résider depuis au moins trois ans, être marin professionnel, être âgé de 30 à 45 ans et être parrainé par l'un des partis politiques ou des syndicats loyaux au camp républicain. 22 places supplémentaires furent en outre couvertes pour les équipages des chaloupes de surveillance de la Police. Le personnel était réparti parmi les divers groupes politiques et syndicaux, un tiers environ était attribué aux membres de STV et PNV, un autre tiers aux socialistes et aux membres de UGT, les autres postes étant attribués aux autres groupes politiques et syndicaux.
Il y avait des postes de la Police Maritime dans tous les ports basques, dont les plus petits : Bilbao (Campo Volantín), Zorroza-Olaveaga, Luchana-Baracaldo, Portugalete, Santurce, Las Arenas-Algorta, Plencia, Arminza, Baquio, Bermeo, Laida, Elanchove, Ea et Lequeitio. Leurs membres étaient chargés de surveiller sur terre et par mer. Pour le service de surveillance maritime, ils disposaient d'une demi-douzaine de chaloupes à moteur, parmi lesquelles la V-7 du Sous-secrétariat de la Marine Civile, Euzkadi (ex Lovic), Pirulo et Txirimol.
Parmi ses actions les plus importantes, il faut souligner celle du 8 janvier 1937 ; ce jour-là, selon les chroniques de presse de cette époque, la chaloupe à moteur Euzkadi munie d'une mitrailleuse et qui servait depuis Lequeitio, apprit du guetteur de la localité qu'au nord de Ondarroa, à environ dix milles, se trouvaient cinq embarcations de pêche détenues par le destructeur José Luis Díez qui avait dû les abandonner pour répondre à un autre service. Il prit rapidement la mer vers la direction indiquée, jusqu'à ce qu'il aperçut l'une des embarcations à la hauteur de Motrico ; des autres il ne vit que les fumées, puisqu'elles avaient réussi à entrer sur la côte. Le navire de pêche qui fut atteint par la chaloupe à moteur Euzkadi était le Nuestra Señora del Rosario, de Guetaria, qui était sorti pour pêcher la dorade. Tandis que des grenades étaient tirées de Motrico contre la chaloupe à moteur sans conséquences, le Nuestra Señora del Rosario fut conduit à Lequeitio et y resta. Ses dix membres d'équipage, l'un de Motrico et les autres de Guetaria furent remis en liberté après avoir été interrogés.
Quelques jours après, le 18 janvier l'embarcation Pirulo utilisée en service de localisation de mines découvrit une à quelques 4 ou 5 milles au nord de Punta Lucero. Après avoir balisé la zone, elle avertit les dragueurs de mines de service. Lors du dragage, l'un d'entre eux, le Mari Toya percuta une mine et éclata en mille morceaux. La chaloupe Pirulo qui se trouvait à 50 mètres à peine fut la première à venir à son secours et put sauver deux survivants. Une autre embarcation en sauva deux de plus.
Dans une autre opération réalisée le 10 février 16 personnes furent arrêtées, dont un militaire du Régiment de Garellano. Toutes essayaient de s'échapper depuis Elanchove en achetant le machiniste d'une chaloupe de la Police Maritime pour qu'il les conduise à Saint Sébastien. Mais le machiniste informa son chef et tous furent arrêtés ; on leur confisqua des objets représentant 60.000 pesetas.
Quelques jours plus tard, le 18 février, on découvrit une tentative semblable lorsque plusieurs personnes essayaient de s'enfuir vers la France depuis Bermeo, dans le bateau de pêche Danielín, après avoir acheté son patron. La Police Maritime se présenta à bord du Danielín peu avant qu'il parte, le fouilla et arrêta les 13 personnes qui tentaient de s'échapper, ainsi que tout l'équipage. On confisqua aux personnes arrêtées des objets pour une valeur de 20.000 pesetas.
Mais la Police Maritime ne se contenta pas de frustrer de nombreuses tentatives d'évasion par la mer dans le camp ennemi ou de veiller à l'ordre dans les ports et à contrôler le trafic de marchandises. Elle prit aussi part au déchargement des navires dans des moments d'urgence, comme ce fut le cas du Yorkbrook entré avec des armes à Bermeo le 5 mars et joua un rôle actif dans l'évacuation de Bilbao. Elle ordonna l'embarquement des évacués et grâce à son travail purent sortir du port tous les navires utilisables. Seul le matériel inutilisable fut coulé dans le fleuve. Lorsque les troupes franquistes entrèrent à Bilbao, le Corps fut dissous. Un petit groupe de policiers réussit à s'échapper en France dans la chaloupe Txirimol qui entra à Saint Jean de Luz le 17 juin. Les autres embarcations furent prises par les franquistes.